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L’imitation n’exclut ni l’originalité, ni l’invention. L’idée de copie est inséparablement liée à celle d’une lourde et stérile banalité. Titien fut l’imitateur du Giorgione, Jules Romain de Raphaël, Ribeira du Caravage et du Corrège, Jordaens de Rubens ; eh bien ! osera-t-on en conclure que ces hommes ne sont ni originaux, ni inventeurs ? Il est des imitations qui mettent en jeu toutes les facultés du sentiment et du génie, et qui équivalent à des créations. Il est des assimilations qui, heureusement élaborées, sont de véritables inventions. On peut battre le même sentier que les autres, sans pour cela se traîner sur leurs traces, sans pour cela ne poser le pied que sur l’empreinte de leurs pas. Enfin on peut imiter l’esprit des œuvres des autres, sans pour cela en copier la lettre.

NOTES.

(1) Le miracle que rappelle ici Vasari est longuement raconté par le Villani, lib. VI, cap. 8. — On peut le faire connaître en peu de mots : Un prêtre, ayant quelques doutes sur la transubstantiation, vit l’hostie consacrée se changer en chair.

(2) « Peu de temps après la mort de Mino, » dit Vasari dans sa première édition, « on lui fit cette épitaphe : »

 
Desiderando al pari

Di Desiderio andar nella bell’ arte,
Mi trovai tra que’ rari

A cui voglie si belle il ciel comparte.