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se fussent livrés à l’étude de la nature, n’auraient-ils pas pris un large et brillant essor ? Ces reproches peuvent s’appliquer à Mino da Fiesole. Assez heureusement organisé pour faire tout ce qu’il aurait voulu, ce sculpteur se laissa séduire par la manière gracieuse de Desiderio da Settignano, qui lui sembla supérieure à la nature qu’aussitôt il tint en mépris ; c’est pourquoi tous ses ouvrages ont un cachet de grâce superficielle plutôt que de science profonde. Mino, fils de Giovanni, naquit sur le mont de Fiesole, ville située non loin de Florence. Il fut placé auprès du jeune et habile sculpteur Desiderio da Settignano, pour apprendre l’art de tailler les pierres ; mais, en même temps, il s’exerça à modeler en terre les sculptures de son maître. Desiderio, frappé de la fidélité de ces copies, pour l’encourager, le mit à travailler sur ses propres blocs. Il fut récompensé par les progrès rapides et la reconnaissance de son élève, qui appréciait vivement les soins qu’il mettait à lui dévoiler les secrets du métier. Mino était donc sur le point de devenir tout à fait habile, lorsque, pour son malheur, Desiderio mourut. Désespéré de cette perte, il quitta Florence, et se rendit à Rome, où il fut employé par des sculpteurs qui travaillaient alors à ces tombeaux de cardinaux qui, après avoir longtemps orné l’église de Saint-Pierre, ont été jetés à terre pour permettre de construire la nouvelle basilique. Mino ne tarda pas à voir son talent apprécié. Le cardinal Guglielmo Destovilla, auquel sa manière plaisait, le chargea d’élever, à Santa-Maria-Maggiore, l’autel où se trouve