116 DESIDERIO DA SETTIGNANO.
rable occasion d’étudier les dissemblances qui existent entre les édifices sépulcraux de l’antiquité et ceux des temps modernes, pour que nous n’en profitions pas. En se plaçant uniquement au point de vue matériel de l’art, ce qui distingue surtout les premiers des seconds, c’est que ceux-ci, sans repousser tout accessoire de sculpture, appartiennent essentiellement à l’architecture, tandis que les autres, au contraire, se rattachent étroitement à la sculpture et n’admettent qu’à grand’peine quelques détails d’architecture. Un rapide coup d’œil sur les plus célèbres de ces divers monuments en convaincra et à la fois montrera quels modèles et quels usages influèrent sur leur forme et leur caractère.
Si les énormes et indestructibles excavations, si les gigantesques et éternelles pyramides destinées par les Égyptiens à assurer la conservation des corps, dans l’espoir du retour à une autre vie, ne furent imitées ni par les Grecs, ni par les Romains, ces peuples ne s’efforcèrent pas moins de donner à leurs tombeaux toute la durée possible. Le bûcher nécessité par l’usage de l’incinération des cadavres leur servit de modèle, et fut souvent lui-même un monument que la vanité humaine se plut à décorer avec une somptuosité inouïe. Celui de Denys l’Ancien, tyran de Syracuse, est le premier dont la mémoire nous ait été conservée ; mais sa magnificence, que Timée et Philiste prirent soin de décrire, témoigne que d’autres semblables essais durent le précéder. Le bûcher d’Héphestion, construit quarante ans après, par ordre d’Alexandre, paraît avoir