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Italie Diodore de Sicile, Xénophon, Polybe, Thucydide, Hérodote, Appien d’Alexandrie, Strabon, Aristote, Ptolomée, Platon, Théophraste. Sa libéralité infinie était allée chercher les savants jusqu’au fond de l’Asie. Il n’aurait reculé devant rien pour doter la ville éternelle d’un monument qui, selon l’expression de Vasari, « aurait été la plus superbe chose qui eût jamais été faite depuis la création du monde. » Quant à Rossellino, s’il est permis de juger de la taille d’un colosse par la dimension de son orteil, on peut assurer qu’il était bien l’homme que réclamaient les prodigieux travaux dont notre auteur nous a parlé. Ses restaurations et ses réédifications de la place de Fabriano, des quarante églises de Rome et de celles de San-Benedetto de Gualdo, de San-Francesco d’Assise, ses palais, ses châteaux, ses citadelles, ses fortifications de Cività-Vecchia, de Cività-Castellana, de Narni, d’Orvietto, de Spolète, fournissent d’irrécusables témoignages de l’intrépidité et de la vigueur de son génie. Mais la mémoire de toutes ces choses s’est perdue. Il en serait advenu autrement, sans doute, si à Rossellino eussent succédé, comme à Bramante, un Michel-Ange et un San-Gallo ; et à Nicolas V, comme à Jules II, un Léon X et un Clément VII, au lieu de l’ignorant Calixte III, du pédagogue Pie II, de l’atroce Paul II, de l’avare Sixte IV, et de cet infâme Innocent VIII, qu’un poète a trop faiblement encore stigmatisé dans ces vers :


Spurcities, gula, avaritia, atque ignavia deses

Hoc, Octave, jacent quo tegeris tumulo.