Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui auraient conduit à San-Pietro et, renfermé des loges et boutiques très-commodes, destinées aux différents métiers, que l’on aurait eu soin de séparer, et de distribuer suivant leur importance. À cet effet, on avait déjà construit la grande tour ronde que l’on appelle encore aujourd’hui la Tour de Nicolas. Ces loges et ces boutiques devaient être accompagnées de magnifiques maisons disposées de telle sorte qu’elles se seraient trouvées préservées de tous ces vents pestifères qui désolent Rome, ainsi que des eaux et des immondices qui ordinairement engendrent un mauvais air. Sans aucun doute, si Nicolas V eût vécu plus longtemps, il aurait mené à fin cette admirable conception ; car il avait un esprit vaste et résolu, et assez de connaissances architecturales pour guider lui-même les artistes. Les plus difficiles entreprises s’exécutent facilement quand le maître sait à propos marcher en avant, tandis qu’un ignorant, n’osant prendre un parti, ballotté entre le oui et le non, laisse souvent échapper le temps et les occasions favorables. Mais il est inutile de nous occuper davantage de ce projet, puisqu’il resta sans effet.

Nicolas V avait songé aussi à élever un palais pontifical qui, par son étendue et sa magnificence, aurait été le plus merveilleux monument de la chrétienté. Il y aurait rassemblé autour de lui, non-seulement le sacré collége des cardinaux, mais encore toutes les personnes attachées à sa cour, et il aurait pu y recevoir les empereurs, les rois, les ducs et les autres princes chrétiens qui, par leurs affaires ou leur dévotion, auraient été appelés auprès du