Certes, nous sommes loin de proposer pour exemple ces esprits retardataires, rebelles à la loi qui régit l’humanité, et dont tous les efforts tendent à rendre la vie à une lettre morte ; mais leurs travaux ont ce charme indéfinissable qui s’attache aux entreprises suscitées par une ardente conviction ou un noble dévouement, et, à ce point de vue, nous ne saurions leur refuser notre sympathie.
Quand Benozzo parut, le catholicisme avait justement perdu l’autorité que jusqu’alors il avait exercée. Les doctrines qu’il avait consacrées avaient fait place à des principes plus en harmonie avec les préoccupations et les besoins du siècle. Le tort grave de Benozzo fut d’avoir invoqué le passé au lieu de s’être inspiré du présent et de l’avenir. Toutefois, si l’on consent à oublier un instant la date de ses œuvres et leur désaccord avec les idées de l’époque ; en un mot, si l’on consent à les considérer et à les accepter sous leur aspect purement religieux, on y trouvera, reconnaissons-le, de nombreux sujets d’admiration.
Benozzo s’était formé sous la direction du bienheureux Angelico de Fiesole, dont il était le disciple chéri. Comme lui, nourri dans l’enceinte du cloître, il chercha ses inspirations et ses modèles dans les miniatures des manuscrits et dans les missels, tandis que ses contemporains les demandaient à la nature et aux bas-reliefs des monuments antiques. Ainsi barricadé contre cette double influence, ainsi séparé du siècle, il repoussa tout ce qui n’était pas élémentairement religieux, et l’œuvre d’art ne fut