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Benozzo mena toujours une vie honorable et vraiment chrétienne, qui lui valut l’estime constante des habitants de Pise  (6). Il laissa plusieurs élèves, parmi lesquels le seul Zanobi Machiavelli de Florence mérite d’être nommé.

Déjà nous avons rencontré plusieurs hommes que rien ne put jamais décider à entrer dans la voie nouvelle ouverte par Giotto. Voici maintenant Benozzo Gozzoli qui, avec non moins d’obstination, voulut rester étranger à toutes les idées de progrès manifestées par les Paolo Uccello, les Masolino da Panicale, les Masaccio. Mais il faut bien se garder de voir en lui un de ces vieux trembleurs, aveugles et entêtés, qui, paresseusement accroupis sur les ruines du passé, qu’ils ont été impuissants à relever, pleurent et se lamentent lorsqu’on les sollicite à les abandonner. Avec une fermeté, une activité dignes d’une meilleure cause, Benozzo résista intrépidement jusqu’à son dernier jour aux innovations qui débordaient de toutes parts. Inébranlable devant les provocations et les attaques de la jeunesse, il aima mieux s’enterrer avec les croyances professées par ses pères, que de les renier. Athlète infatigable, Benozzo luttait encore dans le Campo-Santo avec une vigueur inouïe, à l’âge de soixante-dix ans.