Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.

un certain Melozzo, originaire de Forli, que beaucoup de personnes, trompées par la conformité des noms et des temps, ont confondu à tort avec lui. Ce Melozzo fut un grand travailleur. Il s’appliqua surtout à l’étude des raccourcis, comme on peut le voir à Sant’-Apostolo, dans la tribune du maître-autel, où il représenta dans une frise, en perspective, plusieurs personnages occupés à cueillir des grappes de raisin. Son talent apparaît encore plus ouvertement dans son tableau de l’Ascension. La figure du Christ est si bien en raccourci, qu’elle semble percer la voûte. Nous en dirons autant du groupe d’anges qui l’environnent et des apôtres qui occupent le bas de cette composition, qui est aujourd’hui même l’objet de l’admiration des connaisseurs. Il déploya également une science profonde de la perspective dans les divers édifices qui ornent cette peinture, de laquelle il fut richement récompensé par le cardinal Riario, neveu du pape Sixte IV, qui la lui avait commandée  (5).

Mais revenons à Benozzo, qui, accablé d’années et de fatigues, mourut à Pise à l’âge de soixante-dix-huit ans. Pendant son long séjour dans cette ville, il habita continuellement une petite maison qu’il avait achetée à Carraia di San-Francesco, et qu’il laissa à sa fille. Sa mort causa de vifs regrets aux Pisans, qui lui élevèrent, dans le Campo-Santo, un tombeau sur lequel on lit l’inscription suivante : Hic tumulus est Benotii Florentini, qui proxime has pinxit historias : hunc sibi Pisanor. donavit humanitas MCCCCLXXVIII.