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d’années dans le désert. Vient ensuite l’histoire des Juifs jusqu’à David et Salomon son fils. Certes, il fallut à Benozzo un courage surhumain pour oser aborder cette vaste et importante entreprise, qui était capable d’épouvanter une légion de peintres ; et cependant, à lui seul, il la conduisit à bonne fin. Aussi sa renommée fut-elle grande, et mérita-t-il que l’on plaçât au centre de son ouvrage l’inscription suivante :

Quid spectas volucres, pisces, et monstra ferarum,
Et virides silvas athereasque domos ?
Et pueros, juvenes, matres, canosque parentes,
Queis semper vivum spirat in ore decus ?
Non hæc tam variis finxit simulacra figuris
Natura ingenio fœtibus apta suo :
Est opus artificis : pinxit viva ora Benoxus :
O superi vivos fundite in ora sonos.

Ces peintures renferment les portraits d’après nature d’une foule de personnages ; mais, comme il règne beaucoup d’obscurité sur la plupart d’entre eux, je me contenterai de citer ceux que j’ai reconnus. Ainsi donc on trouvera, dans le tableau de la Visite de la reine de Saba à Salomon, Marsilio Ficino au milieu d’un groupe de prélats ; le savant Argiropolo, Grec de nation ; Battista Platina, que notre artiste avait déjà peint à Rome, et enfin Benozzo lui-même, sous la figure d’un petit vieillard à cheval, la tête couverte d’une barrette noire dans le pli de laquelle est fourré un morceau de papier blanc destiné peut-être à recevoir le nom du peintre.

Benozzo fut encore chargé, à Pise, de représenter