côté, une montagne de granit qui lance de flamboyantes réverbérations, et de l’autre côté, une forêt dont les rayons du soleil sont impuissants à percer l’épais feuillage. L’ombre que projette cette forêt couvre une partie de l’arène poudreuse qui s’étend jusqu’au pied des rochers. À l’horizon, un lac surmonté d’une brume ardente se développe à perte de vue. Le centre du tableau est occupé par cinq cavaliers qui luttent contre un tigre et deux lions. L’un de ces derniers tombe percé de flèches sous un cheval dont il a ouvert le poitrail avec ses ongles tranchants. L’autre déchire de ses dents aiguës la cuisse du plus jeune des chasseurs, tandis qu’un vieillard frappe de son sabre le tigre qui s’est élancé, la gueule béante, sur l’un de ses compagnons. Au-dessus de ce groupe, un noir vautour se balance sur ses grandes ailes et semble attendre patiemment la fin du combat qui lui promet un splendide festin. Dans le lointain, au bord du lac, une troupe joyeuse de seigneurs et de dames richement parés galope, au bruit des fanfares du cor, sur les traces d’un cerf qui, tout en arpentant le sol de ses pieds agiles, éventre un des lévriers qui s’acharnent après lui.
Ce magnifique tableau, qu’au premier abord on serait tenté d’attribuer au plus habile des Vénitiens, tant la magie de la couleur y est puissante, suffirait à lui seul pour assurer à Pesello un rang distingué parmi les meilleurs peintres du quinzième siècle, lors même que ses autres œuvres ne le lui auraient pas déjà mérité.