Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/930

Cette page a été validée par deux contributeurs.

doreurs, et jusqu’aux fourbisseurs, aux selliers et aux gaîniers. Il s’établit entre eux des rapports, non-seulement de compagnonage, d’assistance et de protection, mais encore de collaboration. L’artiste cédait même la place d’honneur à l’ouvrier. Le travail du menuisier et du doreur passa longtemps sans conteste avant celui du peintre. Au bas d’un tableau de Spinello, on lit : Simone Cini Fiorentino fece l’intaglio, Gabriello Saracini la messe d’oro, e Spinello di Luca d’Arezzo la dipinse l’anno 1385 : et seize années à peine nous séparent de Masaccio. Sur un tableau du Vivarini, dans la cathédrale de Ceneda, on ne découvre que le nom de l’encadreur avec la date de 1438, et les Bellini allaient bientôt paraître dans toute leur splendeur. Avec un peu de bonne volonté on comprendrait, jusqu’à un certain point, les prétentions des menuisiers et des stucateurs qui devaient posséder une certaine connaissance du dessin pour sculpter les ornements dont ils chargeaient les coffres, les tabernacles et les dyptiques sur lesquels les artistes exécutaient ensuite des sujets religieux, historiques et fabuleux ; mais comment ne pas sourire en songeant aux exigences des vernisseurs, des fourbisseurs, des fabricants de toiles, des selliers et des gaîniers, qui, pour avoir fourni leur marchandise, inscrivaient fièrement leur nom avant celui du peintre. On se tromperait si l’on croyait que ces ouvriers consentirent à se retirer de la corporation lorsque vinrent les Pérugin, les Léonard de Vinci ; il fallut des arrêts judiciaires pour les en exclure, et cela n’advint qu’en 1595, soixante--