Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/925

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tifia toutes les espérances qu’il avait fait concevoir, comme nous le dirons en son lieu.

Grâce à ses études continuelles, Lazzaro devenait chaque jour plus habile, ainsi que l’on peut en juger par ses dessins que nous conservons dans notre recueil. Il affectionnait les sujets d’expression et excellait à rendre la douleur, la joie, l’effroi, et en un mot les divers sentiments qui peuvent agiter l’homme.

Dans une petite chapelle de San-Gimignano d’Arezzo, il peignit à fresque, au pied d’un Crucifix, la Vierge, saint Jean et la Madeleine dont les pleurs toucheraient le cœur le plus froid. Ce tableau mit Lazzaro en grand crédit parmi ses concitoyens.

Pour la confrérie de Sant’-Antonio, il représenta, sur une bannière, Jésus-Christ nu et attaché à la colonne, recevant avec une incroyable patience les coups dont l’accablent deux Juifs. L’un, les épaules tournées vers le Sauveur, réunit tous ses efforts pour le frapper ; l’autre, de profil, s’élève sur la pointe des pieds et brandit, en grinçant des dents et avec une rage inexprimable, son fouet meurtrier. Ces deux bourreaux ne sont couverts que de vêtements déchirés qui ont permis à Lazzaro de montrer presque complètement le nu. Je suis vraiment étonné que cette bannière ait pu se conserver intacte jusqu’à nos jours. Elle est d’une telle beauté, que la confrérie chargea le prieur Guglielmo de la copier, comme nous le dirons en son lieu (1).

À Pérouse, Lazzaro peignit, dans l’église des Servites, près de la sacristie, plusieurs traits de la vie de la Vierge et un Crucifix, et dans l’église parois-