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à la majesté de l’ensemble. Il cultive les qualités de pur agrément avec tout autant d’amour que celles qui dépendent de l’intelligence la plus élevée. « Lorsque, disait-il, tu te promèneras dans la ville, monteras à cheval ou parleras en public, que l’art préside à ces trois choses ; mais aie bien soin de couvrir cet art d’un voile si discret, qu’il échappe aux regards les plus curieux. »

Les passe-temps de Leon-Battista auraient été pour un autre de sérieuses occupations. Avide de tout connaître, il n’arrivait pas un savant dans la ville qu’il habitait sans qu’il allât aussitôt lui demander son amitié et chercher à apprendre de lui quelque chose de nouveau. Souvent il se déguisait pour parcourir les boutiques et les ateliers, et causer librement avec les ouvriers afin de leur dérober des procédés qu’il leur rendait après les avoir perfectionnés. Il leur apportait même quelquefois en surcroît des découvertes dont il leur abandonnait tout le profit. C’est ainsi qu’à la suite d’une excursion dans la boutique d’un lunetier il inventa l’optique. Cet ingénieux mécanisme, que, de nos jours, on a rangé parmi les jouets d’enfants, avait une haute importance au commencement du quinzième siècle, car il agrandissait et le domaine de la peinture et celui des sciences mathématiques.

Pour donner une idée de l’effet que produisirent sur les spectateurs les vues enluminées que Leon-Battista soumettait à la répétition du miroir, nous placerons ici quelques lignes empruntées au manuscrit déjà cité de l’un de ses contemporains : « L’Al-