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PRÉFACE DES TRADUCTEURS.

Le livre du Vasari, à force d’avoir été recommandé à l’attention par l’éloge ou le blâme, à force d’avoir été compilé, cité, abrégé, délayé, traité enfin de mille manières, est devenu célèbre en France, sans jamais y avoir été traduit. Nous venons combler cette lacune, et en cela nous croyons faire une œuvre utile. Ne fallait-il pas qu’un jour ou l’autre on sût à quoi s’en tenir sur un ouvrage aussi souvent invoqué, aussi souvent attaqué ?

Nos arts, aujourd’hui, sont tiraillés par les opinions les plus contradictoires ; on n’est d’accord sur rien ; on se débat dans une anarchie poignante ; on marche, si ce mot convient, dans la confusion la plus complète. Au fond, les artistes ne savent où donner de la tête et qu’entreprendre. Les amis de l’art ne savent que leur conseiller, que leur demander. Cette langueur dans l’action, cette disette dans l’inspiration, cette nullité dans le résultat sont patentes, incontestables. Les affections éphémères de quelques faiseurs à la mode, les fantaisies inconsidérées de quelques amateurs ne font rien à la chose ; ce n’est pas porter la question de l’art dans les nuages, que de la mettre un peu plus haut que cela.

Que faire dans cet état ?

Évidemment, il faut tâcher de s’entendre : c’est le vœu de tous les gens de bonne foi, de tous les gens de cœur, de tous les ouvriers studieux et consciencieux, de tous les amis sincères et intelligents de l’art. Il le faut impérieusement ; et ce n’est point par un désir trop ambitieux que nous sommes amenés à le dire. Ce n’est pas en