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lui et le chargea d’orner de miniatures plusieurs livres, et de représenter dans la chapelle de son palais, où il assiste ordinairement à la messe, une Déposition de croix et divers traits de la vie de saint Laurent. À la Minerva, il peignit le tableau du maître-autel, et une Annonciation qui est maintenant appuyée contre un mur près de la grande chapelle  (5). Il décora, en outre, pour le même pape, dans le Vatican, la chapelle del Sagramento qui plus tard fut détruite par Paul  III. Il y exécuta à fresque quelques sujets tirés de la vie de Jésus-Christ. Il introduisit dans ces compositions quantité de portraits de hauts personnages de son temps qui seraient tous perdus aujourd’hui, si le Giovio n’eût eu soin de recueillir dans son musée ceux du pape Nicolas  V, de l’empereur Frédéric qui vint à cette époque en Italie, de Frate Antonino qui fut ensuite archevêque de Florence, de Biondo de Forli, et de Ferdinand d’Aragon.

Le pape, frappé de la modestie et de la sainteté de Fra Giovanni, voulut le nommer à l’archevêché de Florence ; mais notre bon religieux le supplia de renoncer à ce projet, parce que, disait-il, il ne se sentait pas propre à gouverner les hommes ; et il ajoutait que cette dignité convenait bien mieux à un religieux de son couvent, ami des pauvres, plein de science et de crainte de Dieu. Le pape se laissa persuader, et livra le siège de Florence à Frate Antonino, qui était vraiment digne de ce choix ; car il mérita d’être canonisé de notre temps par Adrien VI. Ne doit-on pas admirer le rare désintéressement et