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depuis Florence jusqu’à Naples, de brillants souvenirs de leur talent et de leur génie. Les travaux de l’un se trouvent tellement liés à ceux de l’autre, qu’il est souvent impossible de ne pas les confondre. Disons cependant dès à présent quelques mots sur l’art de la marqueterie ; car si Benedetto le porta à son plus haut degré de splendeur, Giuliano fut le premier à le mettre en honneur.

La marqueterie, par ses procédés, se rattache essentiellement à la mosaïque ; mais elle fut loin d’obtenir la même fortune. Les cailloux, les marbres, les terres cuites, les coquillages fournissaient déjà une gamme assez variée à la mosaïque avant que l’on eût découvert les modes de coloration les plus élémentaires. Plus tard, lorsque la mosaïque eut trouvé dans les émaux les nuances les plus variées, la marqueterie ne comptait encore dans ses casiers que deux tons, le blanc et le noir. Avec des ressources aussi restreintes, on comprend facilement qu’elle devait jouer un rôle bien modeste. Abandonnée aux menuisiers, elle n’était appelée qu’à représenter des maisons, des temples, des colonnes, dont les lignes droites n’offraient aucune difficulté. Faut-il ranger parmi les œuvres d’art les produits purement mécaniques de ces artisans ? C’est une question que chacun résoudra à son gré. Il existe dans plusieurs églises de l’Italie des chœurs ainsi décorés ; mais nous avouons que nous n’avons su déchiffrer, dans ces grossières esquisses, d’autre mérite que celui de l’antiquité. Nous ne compterons donc la marqueterie au nombre des arts que du moment où