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que, si de meilleurs artistes eussent existé alors, on les eût préférés à ces vils manœuvres ? L’an 1431, Eugène IV venait de monter sur le trône pontifical, lorsqu’il apprit que les Florentins avaient chargé Lorenzo Ghiberti d’enrichir de magnifiques portes en bronze leur église de San-Giovanni. Il résolut aussitôt d’orner également Saint-Pierre d’une porte en bronze ; mais, comme il était complètement étranger aux beaux-arts, il se reposa du soin de diriger cette entreprise sur ses ministres qui choisirent pour l’exécuter Antonio Filarete et Simone frère de Donato, tous deux sculpteurs florentins. Ils employèrent douze années à la mener à fin ; la fuite d’Eugène IV et les tribulations que les conciles firent éprouver à ce pontife ne les empêchèrent point de continuer leur travail (1). Ils montrèrent le Sauveur et la Vierge au-dessus de saint Paul et de saint Pierre, aux pieds duquel Eugène IV se tient agenouillé. On voit encore quelques actions du Sauveur et de la Vierge au bas de leurs images, le crucifiement de saint Pierre et la décollation de saint Paul au-dessous des figures de ces saints. De l’autre côté de la porte qui donne dans l’intérieur de l’église, Antonio plaça un bas-relief où il se représenta lui-même accompagné d’un âne chargé de victuailles et allant à la campagne avec Simone et ses élèves. Mais Antonio et Simone ne consacrèrent pas entièment douze années à la confection de cette porte ; car ils érigèrent, pour des papes et des cardinaux, plusieurs tombeaux en marbre qui ont été détruits en même temps que la vieille basilique.