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MICHELOZZO MICHELOZZI

nées de l’humanité, elle n’a point cessé d’étre son fidèle reflet ; elle doit être ce qu’elle est, pour ne pas se trouver en désharmonie avec le siècle. Quittons cet affligeant spectacle, et consacrons notre attention à l’un des représentants les plus complets de l’architecture du quinzième siècle, à Michelozzo, l’élève et le digne successeur de Filippo Brunelleschi. Comme on l’a vu, Michelozzo s’était d’abord destiné à la sculpture ; mais, après avoir étudié toutes les parties du dessin, à l’école du Donatello, il chercha un théâtre assez vaste pour lui permettre de se développer librement, et il embrassa l’architecture. Doué d’une imagination souple et féconde, d’une profonde judiciaire, d’une perspicacité rare et d’un génie solide, Michelozzo était bien l’homme que son siècle réclamait pour continuer le mouvement imprimé à l’architecture par Brunelleschi. Il comprit que cet art ne pouvait conserver son influence qu’à la condition de répondre aux goûts, aux idées et aux passions des peuples. Il vit la religion dépossédée d’une grande partie de l’empire que jusqu’alors elle avait exercé sur les esprits, et il tendit aussitôt de tous ses efforts à satisfaire aux nouvelles convenances, en modifiant, en transformant le système architectural qu’elle avait imposé. C’est ce que prouvent son couvent des Dominicains de San-Marco, son noviciat et sa chapelle de Santa-Croce, ses plans de l’hospice de Jérusalem, sa chapelle de San-Miniato, et celle de la Nunziata, qui fut exécutée sous la direction de Pagno di Lapo Partigiani. Le système qu’il adopta exigeait,