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MICHELOZZO MICHELOZZI

d’une rivière ; d’élever des constructions dans leur sein : l’architecture hydraulique n’entre pas dans son domaine. Chargez-le d’exécuter les travaux de construction nécessaires à l’attaque ou à la défense d’une place ou d’un territoire, il vous renvoie au génie militaire. Vous avez besoin d’une route, d’un pont, d’une usine ; il vous adresse au génie civil. Vous voulez qu’il vous trace, qu’il vous compose un jardin ; cela est également étranger à ses attributions. Comment, cet homme ne sait bâtir ni un vaisseau, ni une digue, ni des remparts, ni un pont, ni une usine ; et il s’intitule architecte ! Mais passons. Il va nous construire des temples, des palais, des maisons, tous les édifices, en un mot, où la beauté doit se marier à l’utilité, où l’imagination doit trouver sa part aussi bien que les besoins matériels. C’est un beau lot. Sans doute, on ne l’a distrait des autres, que pour mieux le cultiver dans son entier, que pour en faire une chose indivisible. Détrompez-vous, il n’en est rien. Cet art, ou pour mieux dire cette fraction d’art, se fractionne encore ; ce morceau détaché de la masse se morcelle encore. La théorie se sépare de la pratique. Vous avez la partie spéculative et la partie exécutive. Parmi nos architectes, les uns, ignorant les plus simples principes du goût, privés du sentiment des belles proportions, ne se doutant pas le moins du monde des ressources et des richesses que présente la décoration, ne s’occupent que des procédés pratiques de la construction, que du matériel de l’art. Le premier maître maçon venu remplirait par-