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d’y porter remède. Il accepta volontiers cette entreprise, car il en avait déjà conduit à bonne fin une toute semblable à Venise, près de San-Barnaba. Un gentilhomme, comme je l’ai entendu raconter par Michel-Ange Buonarroti, lui ayant confié le soin de réparer sa maison qui était en danger de s’écrouler, il prépara secrètement une colonne armée de solides étaies qu’il chargea sur une barque, et en une nuit, à l’aide de quelques maîtres, il la mit en place et sauva la maison. Enhardi par cette expérience, Michelozzo aborda courageusement sa tâche et s’en acquitta avec un rare succès. Il reprit en sous-œuvre et refit les colonnes telles quelles sont aujourd’hui. Lorsqu’il vint à retirer les anciennes colonnes pour introduire les nouvelles, il étaya si fortement son édifice que cette énorme masse ne souffrit aucunement, et depuis elle n’a pas bougé d’une ligne. Afin que l’on reconnût ses colonnes, Michelozzo en plaça, aux encoignures du palais, quelques-unes à huit pans avec des chapiteaux dont les feuillages sont sculptés à la moderne. Il diminua ensuite le poids des murailles qui chargeaient les colonnes, refit toute la cour avec un nouvel ordre de fenêtres semblables à celles du palais Médicis, et couvrit les murailles de bossages pour placer les lis d’or que l’on y voit encore aujourd’hui. Michelozzo conduisit ces travaux avec beaucoup de célérité. Au second étage, il pratiqua quelques œils-de-bœuf pour éclairer les chambres au-dessous desquelles est aujourd’hui la salle des Deux Cents. Il disposa plus richement le troisième étage pour les sei-