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DONATO.

Dieu les Romains adoreront-ils, le Christ ou Jupiter ? La majorité du sénat avait condamné Jupiter : les supplications de Symmaque et de Libanius ne furent point écoutées, et l’œuvre d’extermination se poursuivit sans relâche. La cupidité et le fanatisme, qui se glissent partout, se mêlèrent de la partie. « Les chrétiens, disait Libanius à Théodose, les chrétiens protestent qu’ils ne font la guerre qu’aux temples ; mais cette guerre est le profit des oppresseurs : ils ravissent aux malheureux les fruits de la terre, et s’en vont avec les dépouilles, comme s’ils les avaient conquises et non volées. Cela ne leur suffit pas : ils attaquent encore les possessions particulières, parce que, au dire de ces brigands, elles sont consacrées aux dieux… Quels sont les destructeurs de nos temples ? Ce sont des hommes vêtus de robes noires, qui mangent plus que des éléphants, qui demandent au peuple du vin pour des chants, et cachent leurs débauches sous la pâleur artificielle de leur visage[1]. » Plus tard, les persécutions dirigées contre la trinité de l’art s’augmentèrent encore de la colère du pape Grégoire, des empereurs iconoclastes, des juifs et des mahométans. Les artistes, à leur tour, ne furent point épargnés. On leur coupa les mains, on leur creva les yeux. Et cependant plus de deux cents ans séparaient Grégoire de Théodose, plus d’un siècle s’était écoulé entre Léon l’Isaurien et Grégoire. L’art proscrit demanda un asile aux sombres fo-

  1. Id. ibid.