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ARNOLFO DI LAPO

d’après le modèle original d’Arnolfo ; mais, comme ce dernier et ceux de Filippo Brunelleschi et des autres architectes ont été perdus dernièrement par l’incurie de ceux qui étaient préposés à la garde de l’œuvre de Santa-Maria-del-Fiore, on ne sait rien de bien précis sur les changements qu’opéra Brunelleschi avant de commencer la voûte de la coupole.



Plusieurs écrivains possédés, nous aimons à le reconnaître, d’un profond sentiment de piété, plutôt que d’un profond sentiment de l’art, ont uni en faisceau leurs talents et leurs intentions, dans l’espérance d’aviver les croyances religieuses par l’étude des productions artistiques du moyen-âge. Le côté essentiellement pieux, essentiellement opportun de leur entreprise, sera sans doute respecté par nous. Chaque cause, chaque conviction apprécie ses besoins. Et comme la religion, au jour de son abondance et de sa force, a prêté à tout le monde, il est bien juste que, dans le temps de sa pénurie et de son affaiblissement, quelqu’un lui rende. Ce n’est point aux artistes à vouloir que l’art soit ingrat ; mais toute chose au monde a ses bornes, et ce n’est pas aux artistes, non plus, à permettre que l’art soit sollicité au suicide. Il faudrait, à la vérité, un bien grand mouvement et une bien grande dépense d’éloquence et de dialectique, pour amener l’art à épouser les tentatives rétrogrades, à s’affubler des formes évanouies,