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DONATO.

de Crète, de Massique et de Falerne[1]. Maintenant quels termes employer pour continuer ce récit ? quels mots sauraient voiler ce qu’il nous reste à dire ? comment traduire les faits que l’historien latin nous a transmis dans toute leur nudité ? Héliogabale n’acceptait pour ministres du pouvoir et de ses voluptés que les hommes doués par la nature des facultés les plus puissantes pour accomplir les œuvres de la plus révoltante lubricité[2]. Après s’être habillé en femme, s’être intitulé domina et imperatrix il prit pour mari le cocher Zoticus qu’il abandonna pour célébrer d’autres noces avec Hiéroclès, fils d’un cuisinier[3]. De même que Caracalla devant son armée parodiait Achille, Héliogabale devant sa cour se plaisait à imiter Pâris. Mais nous nous refusons à aller plus loin, nous nous hâtons de terminer, en rappelant que le prêtre du soleil qui, dans la prévision du châtiment, avait fait paver une cour en pierres précieuses pour se casser la tête, et tenait en réserve des poignards d’or, des cordons de soie et des poisons dans des vases de cristal et de porphyre, ne put en profiter, fut tué dans des latrines[4], traîné à l’égout et enseveli dans le Tibre. Pendant les quatre années que durèrent les bac-

  1. Canes jecinoribus anserum pavit. Misit et uvas apamenas in præsepia equis suis, et psittacis atque phasianis leones pavit. — Id., pag. 108.
  2. Ad honores reliquos promovit commendatos sibi pudibilium enormitate membrorum. — Hist. Aug., pag. 474.
  3. Nupsit et coivit ut et pronubum haberet, clamaretque concide, magire, et eo quidem tempore quo Zoticus ægrotabal. — Hist. Aug., pag. 472, Dio., lib. LXXIX ; Herodian., lib. V.
  4. Atque in latrinâ, ad quam confugerat, occisus. — 'Hist. Aug., p. 478.