Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/793

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tait des femmes nouvelles[1] ; Néron, le divin cocher, le divin athlète, empoisonneur de son frère Britannicus ; Néron, le divin joueur de flûte, assassin de sa mère. Et l’art sut satisfaire aux fantaisies de ces protecteurs : jugez à quelles énormités il lui fallut se soumettre.

Il n’eut pas le temps de s’asseoir au banquet auquel le convièrent le vieux Galba, le faible et voluptueux Othon, le gras Vitellius, intrépide ivrogne, impérial gourmand, dont le seul monument fut un plat d’argent colossal[2].

Aux fatigues de la débauche succéda, pour l’art, un siècle de repos ouvert par Vespasien, interrompu un instant par Domitien, continué par Nerva, Trajan, Adrien, Antonin, et fermé par Marc-Aurèle. Mais quels résultats obtinrent la fermeté de Vespasien, la douceur de Titus, la générosité de Nerva, la grandeur de Trajan, la sagesse d’Adrien, la piété d’Antonin, la philosophie de Marc-Aurèle ? L’art en fut-il purifié ? non. La gangrène avait pénétré jusqu’à la moelle. Il prit seulement des forces factices pour figurer dans les abjectes orgies où l’entraînèrent les Commode, les Septime Sévère, les Caracalla,

  1. Nero tantùm Sabinæ desiderio teneri cœpit, ut puerum libertum (Sporus nominabatur) exsecari jussit quòd Sabinæ simillimus erat, eoque in cæteris rebus pro uxore usus fuit ; quin etiam, progrediente tempore, eum in uxorem duxit quanquàm ipse nuptus Pithagoræ liberto. — Dion. lib. lxii, p. 715.
  2. Hanc patinam, cùm fictilis esse non posset propter magnitudinem, argenteam fecit : eaque diù permansit, veluti res diis consecrata, quousque Adrianus eamdem conspicatus, confiari jussit. — Dion. Hist. rom. de Vitell., lib. lxv, pag. 735.