La nature crée parfois des hommes dont l’extérieur frêle et chétif contraste avec un courage et une volonté terribles, qui ne leur laissent ni trêve ni repos, tant qu’ils n’ont pas réalisé, à l’étonnement du monde entier, des œuvres réputées presque impossibles. Les choses les plus mesquines, les plus viles, deviennent grandes et précieuses entre leurs mains. L’or le plus pur ne se rencontre-t-il pas sous de grossières mottes de terre ? Gardons-nous donc de rire de ceux auxquels la nature a refusé la beauté. Leurs formes maigres et disgracieuses servent souvent d’enveloppe à un esprit généreux, à un noble cœur, capables d’enfanter des merveilles. Ne doivent-ils pas d’ailleurs s’efforcer de cacher la pauvreté de leur corps sous les richesses de leur intelligence ? Ainsi nous avons vu Filippo, fils de Ser Brunellesco, faire oublier, par son génie, sa laideur qui égalait celle de Messer Forese da Rabatta et de Giotto.
On peut dire que Filippo fut envoyé par le ciel