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cloîtraient dans leurs vieilles erreurs, d’autant plus étroitement qu’ils sentaient leur impuissance à servir les vérités nouvelles, manifestées par leurs jeunes et heureux adversaires. La réforme morale entreprise par Cimabue et Giotto réclamait impérieusement la réforme matérielle. Aussi, ces illustres maîtres et leurs dignes élèves s’appliquaient-ils, avec une infatigable ardeur, à l’amélioration et à la recherche des procédés et des ressources techniques. La carrière qu’ils avaient à parcourir était longue et difficile ; ils ne devaient rien négliger de ce qui était nécessaire pour assurer leur marche, et renverser les obstacles qui l’auraient entravée. Afin de rompre avec les types traditionnels qui les obsédaient, ils résolurent de s’appuyer exclusivement sur la nature, et de renier tout ce qui s’en écartait. Ils traitèrent donc avec dédain et mépris les anciens modèles, sans s’inquiéter des murmures des vieillards qui, alors comme toujours, n’avaient d’amour et de vénération que pour le passé. Ils étaient d’ailleurs entourés par tous les hommes d’érudition et de poésie, qui avaient à cœur de les encourager dans leur apostolat. Les écrits du Dante, de Pétrarque, de Boccace et de Villani, l’historien de Florence, en fournissent les preuves irrécusables. Lorsque Cimabue, Giotto, Stefano, Gaddi, Giottino, Orcagna, Paolo Uccello et Masolino da Panicale, eurent scruté la nature, et arraché à la science tous ses secrets, quelle part était réservée à Masaccio ? que lui restait-il à faire ? Il s’empara de toutes les acquisitions de ses prédécesseurs, les rassembla