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moindre trace des noms de ces maîtres, qui, par sottise ou peut-être par mépris de la gloire, négligèrent de les transmettre à la postérité. Le premier de ceux qui leur succédèrent et qui cherchèrent à améliorer leur art fut Buono, sculpteur et architecte, qui nous a laissé ignorer son prénom et sa patrie en n’inscrivant que son nom sur ses ouvrages. Vers l’an 1152, les sculptures, les palais et les églises dont il avait enrichi Ravenne le mirent en réputation et le firent appeler à Naples, où il commença le château Capoano et le château dell’Uovo, que terminèrent d’autres architectes, comme nous le dirons plus tard. Il fut ensuite employé par Domenico Morosini, doge de Venise, à construire la tour de San-Marco. Les fondations, assises sur des pilotis, furent faites avec tant de soin que le campanile n’a pas une seule fente, tandis qu’on en voit à presque tous les autres édifices de Venise. Du reste, il faut avouer que cette tour n’a de merveilleux que sa solidité ; elle fut achevée l’an 1154, sous les pontificats d’Anastase IV et d’Adrien IV. L’église de Sant’-Andrea de Pistoia fut également construite sur les dessins de Buono, qui sculpta lui-même ces figures gothiques qui ornent l’architrave de la porte, et au bas desquelles il grava son nom et la date de 1166. Appelé ensuite à Florence, il donna le projet d’agrandissement de l’église de Santa-Maria-Maggiore, qui était alors hors de la ville, et que les fidèles avaient en vénération parce qu’elle avait été consacrée anciennement par le pape Pélage (1). Buono fit encore bâtir le palais gothique de la seigneurie d’Arezzo (2) et la tour du