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remarqué, avec une profonde satisfaction, que la critique elle-même s’était empressée de profiter de ses enseignements[1]. Déjà, elle comprend mieux sa haute mission, et renonce aux romanesques et emphatiques trivialités qui trop souvent l’avaient distinguée jusqu’alors. En l’instruisant des faits fondamentaux, Vasari l’a mise à même de pénétrer dans l’intimité des œuvres de l’art, et d’apprécier leur moralité. Qu’elle puise largement à cette intarissable source, les vrais amis du progrès l’en féliciteront. Et, de notre côté, afin de lui prouver que nous avons à cœur de lui être en aide, nous allons lui donner à exploiter le texte d’un manuscrit précieux de Ghiberti, nous abstenant de commenter la vie de ce grand homme, malgré l’attrait que présente un si riche terrain. Nous aurons d’ailleurs souvent occasion de parler de Lorenzo, dont le nom se rencontre à chaque progrès de la peinture et de l’architecture, aussi bien que de la statuaire ; car son influence s’étendit sur tous les arts du dessin.

« C’est à Ghiberti que nous devons le premier essai d’une histoire de l’art en Italie, noble et patriotique entreprise pour l’exécution de laquelle il réunissait tous les avantages imaginables, puisque, d’une part, les matériaux abondaient partout, soit dans les archives, soit sur les monuments restés pour la plupart intacts ; et que, de l’autre, il se trouvait exactement placé sur la limite qui séparait la vieille école de la nouvelle. » À ces lignes, que nous empruntons à un historien dont le

  1. Les tomes I, IV et V ont paru longtemps avant celui-ci.