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PAOLO UCCELLO

vieilles et décrépites ne sont plus admises, on en exige impérieusement de nouvelles, complètes, claires, et intelligibles à tous. Aux ténèbres doit succéder la lumière, au despotisme la liberté, au prêtre l’homme. Chacun doit pouvoir lire et écrire à son aise dans le grand registre de la nature, de l’humanité. L’élan est donné. Bien que par des voies différentes, toutes les forces matérielles, toutes les forces intellectuelles convergent au même point : le développement et l’épanouissement de l’art. L’art développé dans ses plus magnifiques proportions, l’art épanoui répondra à tous les besoins, à tous les appels, à toutes les exigences. Le dogme ne défendra plus à l’art de songer à sa beauté, de l’accroître, de la varier, pour que toutes les âmes, toutes les intelligences, toutes les imaginations puissent se repaître largement.

Mais, comme dans toute réédification qui veut être solide et durable, il faut non seulement choisir, rallier, reclasser les éléments profitables qui gisent au milieu des anciens décombres, on doit encore chercher, déterrer, créer, rassembler de nouveaux matériaux, sous peine d’aboutir au pillage et au replâtrage, sous peine de compromettre gravement l’avenir. Alors chacun s’isole et va glaner de son côté. Quel moment plein d’angoisses et d’espoir, que celui où tout ce peuple d’ouvriers se sépare pour embrasser un plus vaste terrain ! N’en manquera-t-il aucun au rendez-vous ? aucun ne s’égarera-t-il dans les cavernes ténébreuses de la science ? aucun ne succombera-t-il sous le faix de ses acquisitions ? aucun même