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nante. Noé est entouré d’une foule d’animaux d’une rare beauté. C’est là, sans contredit, le chef-d’œuvre de Paolo.

À Santa-Maria-del-Fiore, sur le couvercle d’un énorme tombeau, il peignit en terre verte la statue équestre, de dix brasses de proportion, de Giovanni Acuto, capitaine des Florentins, mort l’an 1393. Ce hardi morceau a été et est encore aujourd’hui très-admiré. Il serait parfait si Paolo, qui probablement n’était pas un écuyer fort expérimenté, n’eût levé deux jambes du cheval du même côté, ce qui est contre nature. Au bas de cette statue, on lit les mots suivants :

PAULI UCCELLI OPUS.

Dans l’intérieur de la même église, au-dessus de la porte principale, il coloria la Sphère horaire, qu’il orna, en outre, de quatre têtes à fresque. Dans une galerie qui donne, du côté du couchant, sur le jardin du monastère degli Angeli, il exécuta en terre verte les faits les plus notables de saint Benoît, abbé. Un de ces tableaux renferme un Monastère renversé par l’œuvre du démon. Un moine reste écrasé sous les décombres, tandis qu’un de ses compagnons s’enfuit épouvanté. Cette dernière figure, dont tous les membres se dessinent sous une tunique qui voltige au gré des vents, poussa les artistes à accuser hardiment le nu, malgré les draperies. Le saint Benoît, qui ressuscite en présence de ses moines la victime du démon, se dis-