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Création des animaux, des poissons et des oiseaux. Il exprima parfaitement, dans cette composition, la fermeté des lions, la vélocité et la timidité des cerfs et des daims. La création de l’homme et de la femme, et leur désobéissance, lui fournirent les sujets de deux autres tableaux, où il traita les paysages avec talent. Le premier, il perfectionna cette branche de l’art, qui, de nos jours, est arrivée à une si grande perfection. Il reproduisit soigneusement en perspective les divers objets que lui offrait la nature ; mais il tomba dans une manière sèche et coupante, qu’il aurait évitée s’il ne se fût pas attaché à des détails mesquins et superflus. Dans le même cloître, il représenta l’Arche de Noé flottant sur les eaux soulevées par la tempête. À la lueur des éclairs et de la foudre, on voit les arbres qui se brisent, un corbeau déchiquetant les yeux d’un cadavre, un enfant noyé, dont le corps gonflé d’eau forme un arc livide ; deux cavaliers qui assouvissent leur rage l’un contre l’autre, sans songer à la mort qui les menace ; un homme et une femme montés sur un buffle qui bientôt va s’engloutir dans les flots. Au-dessous de cet ouvrage, qui fut justement admiré, Paolo peignit Noé ivre et tourné en dérision par son fils Cham, sous les traits duquel on reconnaît Dello, peintre et sculpteur florentin. Il représenta aussi le Sacrifice offert à Dieu par Noé et ses enfants, pendant que des chambres de l’arche s’échappent toutes sortes d’oiseaux. Au-dessus de l’autel de Noé, plane le Seigneur. Cette figure, en raccourci, est exécutée avec une vigueur éton-