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peignit à fresque plusieurs traits de la vie de saint François, au-dessus de la porte que l’on rencontre à gauche en entrant dans l’église. À Santa-Maria-Maggiore, dans la chapelle qui renferme le tableau de Masaccio (2), près de la porte latérale qui conduit à San-Giovanni, il fit à fresque une Annonciation où l’on remarque un édifice qui, dans un petit espace, offre l’illusion d’une grande étendue ; artifice jusqu’alors inconnu aux peintres de l’ancienne école. À San-Miniato, hors de Florence, il représenta, dans un cloître, la Vie des saints Pères. Ces compositions sont loin d’être harmonieusement coloriées ; car il imagina de faire les paysages bleus, les fabriques et les maisons rouges et de diverses couleurs.

On raconte que, pendant qu’il était occupé de ce travail, l’abbé du monastère ne lui donnait à manger que du fromage. Fatigué de cette nourriture, Paolo n’osa se plaindre, mais résolut de ne plus retourner au couvent. L’abbé l’envoya chercher plusieurs fois inutilement ; et si, par hasard, Paolo apercevait des moines dans la ville, il se mettait aussitôt à fuir à toutes jambes. Un jour, il fut poursuivi et atteint par deux jeunes moines qui étaient curieux de savoir pourquoi il les évitait avec tant d’obstination, et refusait d’achever ce qu’il avait commencé. À leurs questions pressantes, Paolo répondit : « Je me sauve de vous, parce que vous m’avez bouleversé le corps, de telle façon que je ne peux plus passer devant les boutiques des menuisiers. Votre abbé m’a bourré de tourtes