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LUCA DELLA ROBBIA.

Les peintures et les sculptures émaillées de Luca della Robbia, malgré leur abandon final, rendirent de réels services. Elles répondaient harmonieusement aux besoins de la science architecturale, qui chaque jour s’élargissait. Aussi, plus heureuses que leurs aînées, victimes expiatoires du polythéisme grec, ne furent-elles ni exilées à la porte du temple, ni reléguées sur les sarcophages. Triomphantes, elles allèrent prendre leurs ébats jusque dans le sanctuaire où, depuis longtemps, les mosaïques les appelaient, et dont, à leur tour, elles préparèrent l’entrée aux marbres et aux bronzes. Grâce à elles, bientôt l’indépendance de l’art sera absolue, bientôt l’art pourra, en toute sûreté, se livrer à l’expansion complète de sa force et de son énergie. Alors sa fécondité, sa puissance seront sans bornes, et l’église qui l’avait proscrit deviendra son plus cher asile. Mais l’agitation, l’inquiétude dureront quelque temps encore ; le calme ne sera parfait que lorsque la victoire aura été proclamée sans conteste.

Maintenant rendons compte du mérite intrinsèque des œuvres de Luca della Robbia. Outre ses terres émaillées, il a laissé des bas-reliefs en marbre et en bronze qui peuvent entrer avantageusement en comparaison avec les productions les plus remarquables de ses contemporains. Son dessin, bien qu’un peu froid, est correct comme celui de Ghiberti ; son modelé est ferme et savant comme celui de la plupart des Florentins. L’expression la plus vraie, la plus gracieuse, la moins exagérée, la moins maniérée distingue tous ses travaux. Ses compositions riches,