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naissance pour l’art, en élargissant sa sphère, Luca inventa la sculpture en terre, trouva le secret de la mettre, comme le marbre et le bronze, à l’abri de toutes les injures atmosphériques, en la vernissant, et sut varier son travail comme des peintures, en le coloriant. Le rôle auquel on appela alors cette nouvelle acquisition, son importance, sa prospérité jusqu’au milieu du seizième siècle, caractérisent parfaitement, selon nous, le génie artistique de ces brillantes époques, qui s’appropriait et élevait à sa hauteur toutes les ressources les plus étrangères en apparence à sa nature, de même qu’aujourd’hui l’emploi vil et misérable auquel on l’a condamné peut servir à caractériser la mesquinerie et l’industrialisme de notre siècle.

Pour faire appréciera leur juste valeur le mérite et l’originalité de l’invention dont Luca della Robbia est l’auteur, il faut que nous tracions un exposé succinct de l’histoire de la peinture en émail ; car, entre ces deux branches d’une même tige, entre ces deux filles d’un même art, il existe une telle affinité, de si étroits rapports, qu’on ne saurait les séparer.

L’origine de la peinture en émail, comme celle du verre et de la mosaïque, se perd dans la nuit des temps. Quelques écrivains veulent que cet art ait été ignoré des anciens : grossière erreur dont les renseignements irrécusables fournis par l’histoire et les monuments conservés dans les musées démontrent l’évidence. Le besoin de décoration, auquel pas un peuple n’a su se soustraire, amena les