Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Expliquons-nous. Les écrivains qui ont donné tort au Vasari, et dont nous ne citerons pas ici les noms, pour éviter une liste fatigante, comment se sont-ils arrangés ? Tout simplement, en dénaturant la question, et en attribuant à leurs prétendues preuves un sens qu’elles ne pourraient avoir. Ainsi, ils nous ont exhumé un nombre plus ou moins considérable de noms d’artistes et de descriptions d’ouvrages antérieurs à Cimabue. Belle découverte ! Invention accablante pour ce pauvre Vasari ! Puis, débitant ces noms d’une voix sonore, d’autant plus sonore, que les dates dont ils étaient flanqués pouvaient avoir un air d’authenticité, ils impatronisaient, dans l’histoire de l’art moderne, la première dynastie de ses artistes, désormais retrouvée. Le malheur est qu’en fait de restauration de ce genre personne ne veut céder le pas à son voisin, et que chacun entend briller par sa propre trouvaille ; de façon que, de proche en proche, et de premier peintre en premier peintre, on est remonté jusqu’au règne de Constantin. Cette mystification dont nous-mêmes, on peut nous croire, avons beaucoup souffert, a eu quelques avantages, comme nous l’avons déjà dit ; à savoir : d’établir d’une manière plus nette la succession, sans solution de continuité, des artistes en Italie. Mais, bon dieu ! était-il besoin de travailler autant pour consacrer cette idée, dont tout, sans ces recherches pénibles, montrait l’évidence, et dont notre bon Vasari lui-même, malgré ses assertions étourdies, nous apportait tant de preuves ? Mais, nous dira-t-on, c’est contre votre Vasari que ce vaste travail a été entre-