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sion, comme le prouvent quelques-uns de ses dessins que nous conservons dans notre recueil.

Paolo Uccello a introduit le portrait de Dello dans un tableau qui orne l’église de Santa-Maria-Novella, et qui représente Cham enivrant son père Noé.



Tout en sachant gré au Dello d’avoir été un des premiers à initier l’Espagne à la science florentine, nous ne pouvons nous défendre de partager l’indignation qu’il a inspirée à plusieurs écrivains qui ont vu pour l’art un élément de rapide décadence et de profonde démoralisation dans le funeste exemple qu’il donna en se rendant tributaire de la frivolité et de la vanité patriciennes. Avec eux nous stigmatisons l’avilissement de l’artiste qui n’eut point honte de chercher, de propos délibéré, à se subalterniser au point de se plier à toutes les fantaisies de la mode et à tous les caprices d’un grossier Mécène. À leur voix nous joindrons la nôtre contre l’artiste qui tendit de tous ses efforts à convertir son art en chose à argent ; car nous serons toujours disposés à faire bon marché même de l’homme de talent, lorsque, pour plaire au vulgaire, pour être admis aux faveurs de la fortune, il endossera la souquenille du courtisan, et abdiquera une des marques les plus distinctives du génie, la conscience de la dignité personnelle. Si le Vasari avait pu pressentir les