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Spano degli Scolari, grand sénéchal du roi de Hongrie. Mais il écrivit de suite en Espagne, et se plaignit de cette injure au roi qui le recommanda si chaudement à la seigneurie de Florence, qu’on lui octroya sans retard les honneurs qui lui étaient dus.

Dello, passant un jour à cheval et vêtu de brocard par Vecchereccia où se trouvaient de nombreuses boutiques d’orfévres, fut assailli de grossières plaisanteries par des gens qui l’avaient connu dans sa jeunesse. Il se tourna vers eux, leur adressa un geste de mépris, et poursuivit son chemin sans mot dire.

Il ne tarda pas à s’apercevoir que l’envie ne le laisserait jamais en repos dans sa patrie, et il se réfugia près du roi d’Espagne qui lui continua toujours ses faveurs. Dès lors notre artiste vécut comme un seigneur, et ne peignit plus que couvert de vêtements de brocard.

Il mourut à l’âge de quarante-neuf ans (3). Le roi lui fit élever un tombeau sur lequel on grava l’épitaphe suivante :

Dellus eques Florentinus
Picturæ artis percelebris
Regisque Hispaniarum liberalitate
Et ornamentis amplissimus.

H S. E.
S. T. T. L.

Dello, sans avoir été un excellent dessinateur, fut néanmoins un des premiers qui commencèrent à indiquer les muscles sur le nu avec assez de préci-