vement qui agitait le reste de l’Italie ? On peut le croire. Quant à nous, nous aimons mieux penser que l’histoire a péché ; que l’histoire, par une coupable indifférence, a laissé Ferrare dans l’oubli. Nous aimons mieux penser que la barbarie des ignorants, les fureurs des guerres et les ravages du temps ont détruit les monuments qui auraient attesté que Ferrare ne s’était pas condamnée à une honteuse immobilité au milieu des glorieux travaux des villes voisines.
Mais si, faute de monuments, il ne nous est pas permis d’indiquer quelle part l’école ferraraise fournit aux résultats obtenus par l’Italie à l’époque où les Cimabue, les Giotto, les Lapo, ouvraient à leurs successeurs une route si large et si nouvelle, nous possédons des documents qui, si peu complets qu’ils soient, témoignent clairement de son existence au quatorzième siècle. Les Annales de Marano nous ont conservé les noms de Rambaldo et de Laudadio qui, en 1380, peignirent dans l’église des Servites, et des fresques de la même époque se rencontrent dans le monastère de Sant’-Antonio. Si la ruine fatale de l’église des Servites a enlevé tout moyen d’apprécier la valeur de Laudadio et de Rambaldo, si des retouches cruelles ont dénaturé les fresques de Sant’-Antonio, au point d’empêcher de reconnaître le style de leurs auteurs, on ne peut néanmoins révoquer en doute la présence à Ferrare d’artistes dont les précurseurs avaient dû nécessairement se lier au siècle de Cimabue, aider à ses acquisitions ou en profiter. Si, grâce à l’incurie des