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sari nous le montre. Lorenzo di Bicci peut se prendre pour type, et être donné, mieux qu’aucun autre, pour le dernier champion de cette vieille école florentine, procédant immédiatement de la grande impulsion imprimée à la peinture par le Giotto. Lorenzo termina cette longue succession avec éclat, et fut dans son temps le véritable coryphée de l’école. Le cercle de ses travaux fut énorme : il n’en refusait aucun, dit le Vasari. Aussi peut-on aujourd’hui retrouver sa trace, depuis les cassines délabrées et les églises de campagne, jusque dans les palais et les cathédrales.

C’est avec une certaine complaisance, il faut l’avouer, que le Vasari nous parle de Lorenzo di Bicci. Ce dernier élève de Giotto, si heureux et si courtois, si rapide et si productif, eut en effet avec le Vasari, dernier élève de Michel-Ange, une assez grande ressemblance pour expliquer cette sympathie. Notre auteur semble se reconnaître et s’applaudir lui-même dans ce fécond et un peu banal continuateur du vieux style. En tout semblable à Lorenzo, le facile et laborieux élève de Michel-Ange travailla pour tout le monde, et à tout prix, avant de décorer comme lui la demeure des Médicis, et de devenir leur peintre principal. Comme Lorenzo, il fut riche et célèbre, joignant comme lui, au talent les qualités du cœur ; presque tous ses désirs furent satisfaits ici-bas. Mais le vieux Lorenzo di Bicci nous semble bien avoir eu sur le Vasari quelques avantages. Sa courtoisie n’eut à s’exercer qu’auprès des hommes chers à Florence, dévoués à son