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breux rejetons, ainsi le monastère degli Angeli vit fleurir pendant de longues années, avant et après Don Lorenzo, plusieurs hommes qui se distinguèrent dans les arts du dessin. Je ne crois pas devoir passer sous silence un certain Don Jacopo, Florentin, qui précéda de beaucoup notre Don Lorenzo. Ce digne religieux fut le plus habile calligraphe, non seulement de la Toscane, mais encore de toute l’Europe, comme le prouvent les livres du chœur de son couvent, qui sont peut-être les plus beaux de l’Italie, et ceux que l’on trouve en divers endroits, et principalement à San-Michele et à San-Mattia. Don Paolo Orlandini eut donc bien raison de célébrer en vers latins la mémoire de ce bon père, dont la main droite est précieusement conservée dans un tabernacle avec celle de Don Silvestro, autre moine, qui orna de miniatures les manuscrits de son ami Don Jacopo, J’ai été vraiment étonné de rencontrer autant de perfection dans ces ouvrages qui datent de l’an 1350 environ, époque où les arts du dessin étaient à peu près perdus. Quelques vieillards racontent que le pape Léon X, durant son séjour à Florence, voulut voir ces livres qu’il avait entendu louer par son père, Laurent de Médicis, et qu’après les avoir examinés attentivement il dit : « Si ces livres étaient selon les règles de l’église romaine, et non de l’ordre des Camaldules, nous les achèterions pour Saint-Pierre de Rome. » Cette église possédait déjà, et possède peut-être encore, deux très beaux manuscrits de Don Jacopo et de Don Silvestro. Le monastère degli Angeli renferme des broderies d’un travail merveil-