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dans les petits hôpitaux de la porte de Faenza. À Sant’-Antonio, non loin de l’hôpital, il représenta quelques pauvres, dont les attitudes et les mouvements sont pleins de naturel et d’expression. Dans l’intérieur du cloître, il peignit une Vision de saint Antoine d’une manière tout à fait neuve et originale. Le saint aperçoit les embûches du monde, et les hommes tiraillés par leurs passions et leurs appétits divers. Enfin Lippo laissa des mosaïques à Florence, à Pise, et dans d’autres villes d’Italie. On peut dire que cet artiste fut vraiment malheureux, car non seulement la plupart de ses ouvrages ont été détruits pendant le siége de Florence, mais lui-même perdit encore la vie tragiquement. D’un caractère chicanier, il préférait la guerre à la paix. Un jour il maltraita de paroles, devant le tribunal de la Mercanzia, un de ses adversaires, qui l’attendit le soir au coin d’une rue, et lui traversa la poitrine d’un coup de poignard. Les productions de Lippo datent de l’an 1410 environ (4).

À la même époque, vivait à Bologne un autre peintre de talent, nommé Lippo Dalmasi (5), qui, entre autres choses, peignit, l’an 1407, à San Petronio, une Vierge que les fidèles ont en grande vénération. Au-dessus de la porte de San Procolo, il exécuta quelques fresques, et dans la tribune du maître-autel de l’église de San-Francesco, il représenta le Christ entre saint Pierre et saint Paul. Au bas de cette peinture, on voit son nom tracé en grandes lettres. Il était assez bon dessinateur, et il enseigna son art à Messer Galante de Bologne, qui dessina