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SPINELLO.

GHERARDO STARNINA,
peintre florentin.

Les voyages sont bons pour adoucir le caractère. Loin de sa patrie, l’homme le plus intraitable devient affable, souple, patient. Je ne connais point de meilleur remède pour chasser la bile et les humeurs âcres. Gherardo, fils de Jacopo Starnini et peintre florentin, n’était pas d’une méchante nature, et cependant sa raideur et sa brutalité lui auraient joué quelque mauvais tour, s’il n’eût été apprendre en Espagne la courtoisie et l’urbanité. Il s’opéra en lui un tel changement que, lorsqu’il revint à Florence, ses plus mortels ennemis lui vouèrent une amitié que justifiaient sa douceur et sa politesse.

Gherardo naquit à Florence l’an 1354. Il manifesta de bonne heure de grandes dispositions pour le dessin, et fut placé dans l’atelier d’Antonio de Venise. Au bout de quelques années, il se sentit assez fort pour se séparer de son maître et travailler à son propre compte. À Santa-Croce, dans la chapelle des Castellani, il peignit à fresque pour Michele di Vanni plusieurs sujets tirés de la vie de saint Antoine et de saint Nicolas. Ces ouvrages, d’un bon