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Michel. Il esquissa en rouge tous ses sujets sur l’enduit du mur, selon la coutume des anciens artistes, et en peignit un entièrement comme pour servir d’échantillon ; ayant ensuite arrêté son prix avec l’administrateur de l’église, il acheva la façade du maître-autel, où l’on voit la chute des anges rebelles. Saint Michel combat dans les airs le serpent à sept têtes et à dix cornes, et Lucifer sous la figure d’un monstre hideux occupe le bas du tableau. On rapporte que Spinello se plut à le revêtir de formes si horribles qu’il en fut lui-même effrayé, et que le démon lui apparut en songe, et lui demanda où il l’avait vu pour le peindre sous un aspect aussi ignominieux. Spinello s’éveilla tellement épouvanté, qu’il ne put crier et que ses tremblements convulsifs éveillèrent sa femme qui était couchée à ses côtés. S’il ne mourut pas sur-le-champ, de la terreur que lui causa cette étrange vision, il en fut frappé au point que son esprit et sa santé en furent altérés. Peu de temps après, il quitta cette vie, au grand chagrin de ses amis. Il laissa deux fils. L’aîné, nommé Forzore, orfèvre et ciseleur, acquit une réputation méritée à Florence. Le plus jeune, nommé Parri, s’adonna à la peinture et surpassa de beaucoup son père dans le dessin. Les Arétins déplorèrent vivement la triste fin de notre artiste. Il mourut à l’âge de quatre-vingt-douze ans, et fut enterré à Sant’-Agostino d’Arezzo, où l’on voit encore aujourd’hui une pierre sépulcrale ornée d’un hérisson qu’il avait adopté pour armoirie (9). Spinello se distingua surtout comme dessinateur ; nous possédons de lui