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sinuation d’un de leurs plus savants écrivains : « Ils avaient (les peintres) leurs réunions périodiques, non pas pour se communiquer leurs découvertes, ni pour délibérer sur l’adoption de nouvelles méthodes, mais tout simplement pour chanter les louanges de Dieu et lui rendre des actions de grâces » (Per rendere lode e grazie a Dio). Ces derniers mots sont empruntés à notre auteur ; mais pourquoi donc, encore cette fois comme toujours, mutiler son texte pour en dénaturer le sens ? Il est vrai que le Vasari a dit que ces peintres s’étaient associés pour rendre grâces à Dieu, mais n’est-il pas vrai aussi qu’il ajoute : « Et pour se prêter des secours matériels. » Dans quelle vue fait-on donc si bon marché de ce membre de phrase qui, dans l’intérêt de l’histoire de l’art, devait plutôt susciter des développements qu’être passé systématiquement sous silence ? Les questions d’utile apprentissage, de bon compagnonage, de garantie, de salaire et de droits civils dans la patrie, d’assistance et de protection dans les voyages, valaient cependant bien la peine qu’on y regardât. Autant vaudrait dire, pour expliquer sommairement la vitalité et la grandeur de l’élément démocratique dans l’Italie renaissante, que toutes les communes, que toutes les ligues bourgeoises et ouvrières, n’étaient que de pieuses confréries, parce que toutes avaient un saint ou une sainte sur leur gonfalon. D’un autre côté, les fondateurs et les souteneurs des académies modernes, fort peu occupés de la question religieuse, mais naturellement enchantés de pouvoir