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ancien seigneur de Pise ; et un Possédé dont le visage bouleversé, les gestes convulsifs, les yeux enflammés, les dents menaçantes, inspirent la terreur, tant l’illusion est puissante. Le tableau suivant renferme un Tavernier, gros et gras compagnon, qui tout tremblant se recommande à saint Ranieri qui lui montre le diable sous la forme d’un chat, juché sur un tonneau. On ne saurait désirer plus de grâce, de variété et de naturel dans les têtes, les attitudes et les ajustements des servantes qui partagent l’étonnement du tavernier. On voit ensuite saint Ranieri au milieu des chanoines de la cathédrale de Pise, revêtus de leurs plus beaux habits ; puis des anges, environnés d’une lumière éclatante, qui portent au ciel l’âme du saint qui vient de rendre le dernier soupir, à la grande douleur de ceux qui l’entourent. Dans la translation, à la cathédrale, du corps de saint Ranieri, on admire quelques chantres dont les gestes et les mouvements sont d’une vérité extraordinaire. Antonio mit le même soin à représenter les divers miracles opérés par le saint, les aveugles recouvrant la vue, les boiteux guéris, les possédés délivrés du démon. Entre toutes ces figures, un hydropique, au visage décharné, aux lèvres pâles et maigres, au ventre gonflé, mérite surtout d’attirer l’attention. Nous ne devons pas oublier non plus un vaisseau sauvé de la fureur des flots par l’intercession de saint Ranieri. Des passagers jettent à la mer de précieuses marchandises sans songer aux sueurs quelles leur ont coûté ; des matelots réparent les avaries ; d’autres s’occupent des