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écrivains synchronistes et dans le Vasari lui-même démontrent positivement que les tenants de l’art byzantin étaient encore fort nombreux dans la corporation, dont les statuts furent en grande partie l’ouvrage de ce Jacopo da Casentino, dont tout à l’heure nous aurons la biographie.

On l’a vu, Giovanni da Ponte fut un joyeux compère, un autre Buffalmacco. Dieu nous garde de nous faire les panégyristes de sa vie dissolue, de son insouciance et de sa verve railleuse ; mais le Vasari et les nouvellistes du temps ne nous ont cependant rien appris sur son compte d’assez fâcheux pour motiver les épithètes flétrissantes qu’on lui a jetées en passant.

Et puis, où donc a-t-on pris que cet homme fut sans talent ? C’est une permission toute nouvelle que prennent les auteurs systématiques que nous avons ici en vue, de dénaturer l’histoire sous une pudeur simulée et une indignation assurément à froid. Sans doute le talent s’augmente et s’élève dans les bonnes mœurs, mais peut-on nier qu’il ne se soit quelquefois allié aux mauvaises ? peut-on affirmer que le sentiment de l’art et la conscience de son objet s’y perdent nécessairement ? Il arrive souvent, au contraire, qu’ils sont fortement recommandés et tenus en honneur par ces hommes dérangés et paresseux, plutôt par faiblesse que par perversité. Voyez le Vasari, souriant lui-même à cette remarque qu’on aurait pu faire aussi bien que nous, et qui aurait évité des déclamations qui deviennent vraiment choquantes par l’exagération et la raideur dévote