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ment devant le nom chéri du révélateur de la peinture ; et Tommaso fils de Stefano portait avec orgueil ce diminutif de Giottino, qui a paru un témoignage d’infériorité à tant d’écrivains superficiels.

Cependant le Giottino fut dans son temps un des plus grands maîtres de Florence ; et, si l’on voulait aujourd’hui résumer l’histoire de l’art florentin par quelques noms seulement, il faudrait de toute nécessité penser au sien. L’art florentin a cela de particulier qu’à toutes ses époques on croit pouvoir invoquer, pour rendre raison de sa physionomie et de sa valeur, un caractère inflexible, un génie altier, un talent austère, comme l’Orcagna, comme le Ghiberti, comme Michel-Ange ; et cependant l’on s’aperçoit bientôt que ces types puissants, pour représenter le génie de l’école, sont encore incomplets et insuffisants. À côté de ses fortes et victorieuses natures, Florence nous montre, pour compléter sa gloire et mieux expliquer son triomphe, ses natures modestes et souffrantes, ses Giottino, ses Masaccio, ses Andrea del Sarto ; génies mélancoliques, existences brisées que la postérité surtout connaît et console, et dont cependant tout contemporain, si grand et si indépendant qu’il ait été, a subi les vives influences. C’est ce que nous étudierons plus à fond, à la vie de Masaccio, le Giottino de son temps.