En effet, nous ne savons pas trop quelle besogne on entend qu’un peintre puisse faire en traduisant littéralement un poète, bien qu’on ait voulu depuis peu nous donner quelques essais en ce genre. Tout ce que nous voulons dire ici, c’est qu’au temps de l’Orcagna on avait trop de naïveté pour ne pas s’emparer franchement de tout ce qui répondait à l’inspiration qu’on se sentait, et trop d’indépendance en même temps pour suivre exactement qui que ce soit. L’Orcagna vulgarisa donc à sa façon et à la façon aussi de son temps, non la lettre, mais l’esprit, non les particularités, mais l’empreinte générale du poëme immortel : noble et lourde tâche qui n’a dû rapetisser personne, dont plus d’un grand talent s’est occupé, et que Michel-Ange a pu seul terminer.
(1) Alessandro da Morrona nous a conservé dans sa Pisa illustrata une ancienne gravure de ce tableau de l’Orcagna, qui servit probablement pour une des premières éditions du Dante. On y lit cette inscription :
(2) Dino del Garbo était fils de Bruno, célèbre chirurgien. Il composa plusieurs ouvrages de médecine et l’épître De cœna et prandio, imprimée à Rome en 1545 avec les œuvres d’Andrea Turini, et l’explication de la Canzona de Guido Cavalcanti, qui commence par ces mots : « Donna mi prega, etc. » Il fut élève de Taddeo d’Alderotto, Florentin, et étudia à Bologne, où Taddeo demeurait. Il fut médecin de Jean XXI, et mourut en 1327.