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filles. Parmi ces personnages, qui sont peints d’après nature, mais dont le temps a jeté les noms dans l’oubli, on reconnaît Castruccio, seigneur de Lucques, sous la figure de ce beau jeune homme, qui, la tête couverte d’un chaperon bleu, tient un épervier sur son poing.

Après avoir ainsi exprimé les voluptés mondaines, Orcagna représenta dans le même tableau une haute montagne habitée par de saints ermites, qui font pénitence et se sont consacrés au service du Seigneur. Les uns sont plongés dans la lecture, la prière et la contemplation ; d’autres se livrent à de rudes travaux pour gagner leur vie. L’ermite qui trait une chèvre semble vraiment doué de vie. Le bas de cette composition est occupé par saint Macaire, qui désigne du doigt à trois rois qui vont à la chasse avec leurs maîtresses, les cadavres de trois autres princes, emblème de la misère humaine. La surprise et l’horreur causées par ce spectacle affreux sont énergiquement rendues par les gestes de ces rois. Celui d’entre eux qui se bouche le nez avec la main pour ne pas sentir la puanteur des corps à demi pourris, n’est autre que Uguccione della Faggiuola d’Arezzo. Au milieu du tableau, la Mort, vêtue de noir et armée de sa faux, montre qu’elle vient de trancher les jours d’une foule de gens de toutes conditions, de tout âge, de tout sexe, hommes, femmes, enfants, vieillards, pauvres, riches, infirmes, bien portants (1) ; et comme les Pisans aimaient l’invention de Buffalmacco, pratiquée par Bruno, et qui consistait à faire sortir des écriteaux de la bou-