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pas que les citoyens qui habitaient de l’autre côté fussent obligés de traverser le fleuve sur des barques. Ils demandèrent à Taddeo Gaddi, en l’absence de son maître Giotto qui était à Milan, le modèle et le dessin du pont Vecchio, en le chargeant de lui donner toute la solidité et toute la beauté imaginables. Notre artiste n’épargna donc rien pour élever ces voûtes magnifiques formées de pierres équarries avec le ciseau. La largeur du pont est de trente-deux brasses ; seize brasses sont consacrées au passage du public ; huit brasses furent réservées de chaque côté pour bâtir des boutiques qui sont aujourd’hui au nombre de quarante-quatre, et rapportent à la ville huit cents florins par an. Ce pont coûta soixante mille florins d’or, et fit justement le plus grand honneur à Taddeo, car il résista à toutes les inondations, et entre autres à celle du 13 septembre 1557, qui renversa le pont de la Santa-Trinità (8), deux arches du pont de la Carraia, et la plus grande partie du Rubaconte, sans compter tous les effroyables ravages qu’elle causa. Il est vraiment merveilleux que le pont Vecchio ait pu soutenir le choc des eaux, des bois et des débris de tout genre qui vinrent l’assaillir. Dans ce temps, Taddeo jeta les fondements du pont de la Santa-Trinità qui fut achevé moins heureusement que le premier, l’an 1346. Je dis moins heureusement, parce qu’il fut renversé de fond en comble par l’inondation de 1557 dont nous venons de parler (9). Il avait coûté vingt mille florins d’or. À la meme époque encore, Taddeo répara le château de